La neige : c'est bien.

Un soleil doux éclairait le château, en observant le temps, il avait jugé qu’il ne devait pas faire très froid. il s’était trompé. Il faisait vraiment très froid. Le problème, c’est qu’il était plus dur aux yeux de Martin d’admettre qu’il s’était trompé que de rester dans le froid. Le garçon prit donc l’air de l’homme digne qui souffre pour la bonne cause. Il annula néanmoins la sieste matinale soigneusement programmée pour une ballade. Ce genre de chose avait le don de le mettre de mauvaise humeur. La rosée du matin, ou quelque chose comme ça, avait rendu l’herbe humide et glacée. Martin glissa et plusieurs fois, il fut à deux doigts de se retrouver par terre. Ce qui n’adoucit en rien son humeur.
Martin n’aimait pas les matin qui commençaient mal, d’ailleurs, il avait prévu de retourner se coucher après sa ballade. L’agréable pensée de son lit chaud et douillet lui redonna le sourire. En fouinant dans un des poches de son veston noir, il trouva son baladeur. Il passa plusieurs chansons en revue avant de s’arrêtait sur celle qu’il voulait. Il l’écouta quelques instants, ne la jugeant plus à son goût, il changea encore.

C’était finalement une matinée comme une autre. Martin finit par oublier qu’il avait froid et alla s’échouer dans l’herbe glacée du parc. N’importe qui pourrait penser qu’il était complètement fou, Martin se fichait de ce que n’importe qui pensait. Quoiqu’il en soit, il se mit à regarder les nuages en pensant à Swan et à Adam qui devaient être en train de traîner dans un coin. Puis il ferma les yeux, son lecteur mp3 éteint, il pouvait jouir du silence matinal, troublé quelque fois par des oiseaux bavards.

Un nuage vint cacher le soleil, Martin jeta à ce trouble-fête un regard agacé. Un vent glacial en profita pour lui passer dans le cou, le garçon se souvint soudain qu’il avait froid. Il se redressa brusquement, tremblant. N’importe quoi – aurait-il pensé s’il avait vu quelqu’un d’autre le faire. Quelque chose de froid s’écrasa sur son nez. Le brun leva la tête et observa les particules qui tombaient du ciel. Les douces lèvres formèrent un sourire, Martin ne détestait pas la neige. Il tourna la paume de ses mains vers le ciel, pour y recevoir les flocons glacés. Il en ingurgita quelques uns, c’était comme de la glace ! Un vrai gamin…

[ Désolée, il est court...]

Peut-être que Takeru aurait était de meilleur humeur s'il n'avait pas commencé à neiger. Et surtout si un crétin fini ne faisait pas des choses bizarres avec la neige, non loin de lui, l'ignorant.

Pourtant, ca avait bien debuté. Il aimait bien les lieux, surtout là où se trouvait sa chambre. Un veritable labyrinthe, avec un froid à vous faire claquer les dents et surtout, surtout, une chambre froide. Takeru devinait que son envie d'enfermer quelqu'un dedans le visiterait un de ces jours. Et peut-être qu'ensuite, il le libererait et que sa victime en serait traumatisée à vie. Ca, ça le rendrait euphorique. Il contourna l'autre garçon, se debrouillant pour qu'il ne le remarque pas, deçu et à la fois content qu'il y est quelqu'un d'autre ici. Evidemment, il devait y avoir d'autres gens. Mais pas dans le coin, non. Pourtant, ce stupide jardin avait l'air d'être entretenu. Alors peut-être y avait il du personnel.

Visiblement, le crétin fini qui s'amusait toujours avec la neige (Takeru grimaça de degout lorsqu'il le vit même en manger) n'avait pas remarqué qu'il y avait des moutons autour, qui grelotaient dans le froid. Ou bien il s'en fichait. Ce fut une lourde et difficil tâche pour que Takeru positionne un mouton dans la ligne de mire du garçon, mais cela lui prit à peine une minute. Takeru donna une bonne tape au mouton et celui ci, affolé, commença à courir vers le jeune homme plus âgé. Souriant et fronçant les sourcils, Takeru se demanda s'il entendrait le mouton foncer vers lui, surtout qu'il était blanc comme neige, donc pas facile à voir du premier coup d'oeil. Et le mouton semblait ne pas avoir une trés bonne vue.

[Bah le mien est pô mieux. Désolé d'être si mechant ]

Une forme mouvante se rua sur lui et vint se jeter contre ses jambes. Déséquilibré, le Mangeur de Neige se retrouva par terre, le derrière dans une fine couche de neige vraiment très froide. Quand à l’espèce de boule de laine qui avait sortit le garçon de ses rêveries, il s’était tassé contre une autre pelote vivante un peu plus loin, comme si rien n’était arrivé.

Martin faisait toujours l’idiot avec la neige, perdant une dizaine d’année d’adolescence et de formation à la vie d’adulte pour retrouver les douces joies de l’enfance. Il ne faisait plus attention à grand chose, pas même aux moutons congelés qui se serraient les uns contre les autres pour profiter de leur chaleur mutuelle. Tant qu’ils ne faisaient pas trop de bruit, leur présence ne dérangeait pas le garçon, et un mouton congelé fait rarement autre chose que se serrer contre son voisin. Martin avait prit l’habitude d’en voir un peu partout et les ignorer, sauf quand ils étaient trop bruyant, mais le mouton congelé, c’est rarement bruyant…Tandis que les pensées du Mangeur de Neige tournaient plus ou moins en rond, il n’avait pas remarqué que quelqu’un l’observait. Quand il était arrivé ici, la désagréable impression d’être sans cesse épié l’avait horriblement gêné et puis, comme pour les moutons, c’était passé, il n’y faisait plus attention. De toute façon Martin ne faisait pas attention à grand chose.

C’est alors, que, quelque part, quelqu’un avec de mauvaises intention dirigea un canon-mouton vers le Mangeur de Neige – qui ne se rendait compte de rien, soit dit en passant – cet inconnu, une fois l’arme dirigée vers sa cible, lança l’animal sur le pauvre petit innocent – qui ne se rendait toujours pas compte, soit dit en passant. En fait, Martin comprit que quelque chose d’anormal se passait que l’animal rentra en contact avec lui. C’est à peine s’il avait entendu le cri paniqué et le tohu-bohu qui avait suivit. Le coup de tête du mouton, la surprise, la chute, arrachèrent au garçon un cri. Déséquilibré, il chancela, agitant ses bras d’une façon grotesque pendant un dixième de secondes que le mouton employa à contourner l’obstacle pour aller paniquer plus loin. Martin se retrouva donc par terre, le derrière dans une fine couche de neige vraiment très froide, pendant que le mouton fou se tassait contre un mouton plus calme. Martin ne pu s’empêcher de manifester sa surprise en adressant un doux :


D’une voix marquée par une évidente colère. Maintenant, il avait froid. Il se releva donc, en râlant quelque chose qui ressemblait à :


Le mouton-canon s’était re-congelé contre un de ses congénères et, visiblement, se fichait de ce qu’un mangeur de neige pouvait penser de lui. La tension retombée, Martin pu s’adonner à la réflexion. Les moutons ne s’excitent pas comme ça tout seul, surtout en hiver où ils préfèrent être congelé. Se pourrait-il qu’il y est quelqu’un. Martin jeta un œil furtif à l’endroit d’où semblait venir l’abominable boules de laine. D’abord il ne vit rien. Il espérait, au fond de lui, que ce n’était pas un de ces tarés des AAT qui venaient traîner dans le coin et qui en le voyant, lui, pauvre créature solitaire avait été pris d’un désir furieux de répandre le mal. Pour résumer : « Faites que ce ne soit pas un taré qui ait lancé le mouton sur moi . » Martin décida d’appeler le nom de la personne qu’il avait le plus envie de voir à cet instant :


Que s’eusse été Swan, elle n’aurait pas répondu. Martin prit donc la décision de s’approcher prudemment. Il fit quelques pas en direction du tas de moutons-congelés, poussa ceux qui le gênaient, pour voir qui avait lancé le boulet de mouton.

Takeru se releva à toute vitesse, enlevant les traces de neiges sur sa chemise, comprenant à peine ce qu'il venait de se passer. Dans cette espèce d'ambiance glauque et cette fichue neige, il arrivait juste à distinguer une jeune fille qui venait de lui faire un croche patte. Il serra les dents et la fixa d'un regard sans expression, n'exquisant pas le moindre geste, mais restant sur la deffensif. Il commença finalemet à macher vers la fille d'un air mauvais, mais à peine avait il fait un seul pas que des cris le stoppa dans son action, non loin.

Swan ? C’est toi qui fout le bazar dans les moutons ? entendit l'albinos.

Le crétin fini venait d'arriver à leur hauteur. Takeru se demanda si cette file s'appellait Swan ou si le garçon était tellement stupide qu'il ne savait pas reconnaître quelqu'un. Il opta pour la deuxième option, car on le regardant mieux, Takeru trouvait qu'il avait l'air particulierement stupide justement.

Trouvant que ce qui allait suivre allait être trés interressant, il sourit legerement, s'efforçant d'éloigner l'image fugace de la fille à un mètre de lui qui avait une apparence de sadique.

Si tu voulais pas avoir d'ennuis avec les moutons, fallait pas venir ici, gros malin. lâcha il en croisant les bras, l'air blasé. Cette situation lui rappellait vaguement quelques rares occasions où il avait cherché des ennuis et qu'ensuite, il le reprochait aux autres, à l'école. En repensant à cela, Takeru se rendit compte qu'il n'avait toujours pas la moindre idée de ce qu'il fichait ici. Et il était hors de question qu'il pose la question aux deux autres, il pouvait se debrouiller tout seul. Et la lettre qu'il avait trouv sur on bureau ne meritait forcement pas d'être lui.

Pourquoi était-il sortit du manoir ce matin ? Il aurait été en train de manger quelque chose avec Swan, au chaud. Maintenant, il avait froid et la situation n’était vraiment plus à son avantage. Elle ne l’avait jamais été, c’était peut-être ça le pire. Non. Ce n’était pas Swan qui foutait le bazar dans les moutons, c’était un garçon tout pâle, fantomatique, l’air bien taré. - Génial - Songea Martin en le voyant. Mais ce qui était de loin le plus horrible, c’était l’autre personnage qui se trouvait dans le coin. Martin n’avait pas besoin qu’elle se présente pour reconnaître Terry, des AAT – Oh Merde…Pourquoi y’a qu’à moi qu’il arrive ce genre de truc ? -

- Si tu voulais pas avoir d'ennuis avec les moutons, fallait pas venir ici, gros malin.
Le grand – Parce que des trois c’était lui le plus grand – détacha son regard aussi idiot qu’inexpressif de Terry pour le poser sur le gars. Il était blanc tout blanc et le froid n’arrangeait rien. Il faisait vraiment froid, même pour un hiver. Martin aurait aimé lui faire remarqué qu’il traînait toujours dans les moutons et que, jusqu’à présent, aucun n’incident n’était survenu. Mais déjà la AAT se dirigeait vers lui, l’air furibond. Visiblement, la façon dont Martin traitait les machins laineux ne lui convenait pas, elle devait bien aimer les moutons. Elle lui lança un coup de poing avec une force impressionnante pour une créature si petite et Martin se retrouva à nouveau le derrière dans la neige. Son air inexpressif se fit plus marqué encore.

- Alors comme cela, les moutons sont des p - - - - - - de boule de laine m - - - - - - - ?
Martin lui aurait volontiers répondu : Exactement. Mais la phrase resta coincée dans ses cordes vocales. Tant mieux. La petite teigne ajouta, l’air à la fois en colère et sadique. Le genre d’air que Martin n’apprécie pas vraiment.
- Sais-tu au moins qui est devant toi ? Eh bien je vais te le dire : Terry des AAT. Et tu sais que je déteste qu'on maltraite les animaux ou meme qu'on les insulte noon ?
Elle n’avait pas besoin de préciser qui elle était, il l’avait reconnu. Ils avaient déjà du se croiser quelque part, elle ne devait pas se souvenir de lui, Martin n’était pas le genre qui laissait un souvenir dans les mémoires communes. Martin ignorait cependant qu’elle aimait les animaux, comme quoi...

- J'ai pleins d'idées pour toi, si tu veux.
Martin ne pu s’empêcher de lever un sourcil. Ahah, une déclaration ? Un sourire des plus provocateur fit céder l’inexpressivité constante du visage du garçon. Naturellement, Terry ne parlait pas de ce genre d’idée, elle voulait parler de façons diverses et variées de faire regretter à Martin d’être arrivé à Hiatus…Mais il ne du s’en empêcher. Sur un ton des plus provocateurs, la mauvaise influence de Swan probablement, Martin articula

- Vous étes pas un peu jeunes pour moi, tout les deux ?

Comme elle l’enfonçait un peu plus dans la couche de machin blanc froid, Martin eu un frisson pendant qu’une bande de flocons pervers s’enfonçaient dans son boxer. Il ne connaissait rien de plus désagréable que ça…A part le bruit et l’agitation.
- Et c'est valable pour toi aussi !
Le regard de Martin se posa sur l’albinos. Il le toisa un instant avant d’ouvrir une large bouche et de bailler bruyamment. Ca n’avait pas grand chose de provocateur, à la base, mais Martin était fatigué. Il n’était même pas encore dix heures du matin, il n’avait qu’une envie, c’était de retourner dormir dans le lit de Swan après l’avoir poussé pour lui faire regretter de dormir plus longtemps que lui. Il n’aimait pas le gars qui faisait s’agiter les moutons et Terry qui parlait fort et s’agitait. Quant aux moutons, ils les regardaient sans bouger d’un air curieux.

- Tu bouges oui ? Reste pas comme ça au milieu des moutons !

Une nouvelle fois, Martin regarda Terry, qu’il aurait pu trouver belle si elle avait des plus gros seins et si elle n’était pas terrifiante. Quelqu’un qui connaîtrait bien le garçon, aurait compris d’un compliment se cachait sous cette pensée. Il aurait aimé dire qu’il ne serait pas resté si elle ne l’avait pas fichu parterre. Mais il se garda de tout commentaire, ce n’était pas le moment, il le dirait quand elle serait trop loin pour entendre. Comme elle ne faisait visiblement plus attention à lui, Martin se releva lentement. Il jeta un œil au moutons qui les regardaient en ruminant des brins d’herbes qui dépassaient du sol, il trouva qu’ils avaient vraiment l’air idiots. Mais il préféra garder cette pensée pour lui. Tout en épousant le derrière de son pantalon plein de neige il regarda Takeru.


Exactement comme si rien ne venait de se passer. Puis il toussa et se tourna vers Terry. Après quelques secondes de silence…

- BON ! Baah, je vais vous laisser, hein ? A plus tard !

Ce n’était ni plus ni moins qu’une fuite lâche et peu discrète comme Martin avait l’habitude de les faire. Il fit quelque pas en leur faisant signe de la main et en priant pour qu’aucun des deux n’ait l’idée de se dire que le torturer un peu serait une bonne chose pour commencer la journée.

Ce gars commençait à l'enerver et Takeru regarda ailleurs, sentant un tic à l'oeil gauche prendre place. Il cligna des yeux pour le chasser et observa sans aucune reaction Terry en train de malmener le brun. Il comprit assez rapidement que cette fille était bien plus dangereuse qu'elle n'en avait l'air. En fait, elle devait être pire que cela. Le point positif dans la situation était qu'il aimait bien regarder ce genre de choses, surtout sur ce mec, s'en était presque rassurant.



Il regarda la fille sans vraiment la voir mais prefera reculer d'un pas, par prudence. Les yeux de Terry s'étaient calmés et la lueur meurtrière disparaissait. Puis elle declara séchement au garçon à terre qu'il devrait bouger au lieu de rester au milieu des moutons, qui regarda Takeru.

- Belle matinée, hein ?

L'imbecile toussa, se tournant vers Terry. Il y eut un silence pesant.




Takeru aurait pu tomber dans la neige sous l'effet du choc s'il ne se serait pas esclaffer de rire en montrant Martin du doigt, se tenant le ventre. La dernière fois où il avait rit remontait d'il y a trés, trés longtemps. Peut-être bien lorsqu'il avait surpris sa soeur en train de pleurer devant un film à l'eau de rose, dans sa chambre.

- Ce type n'a pas de cerveau ! Gros Loser !

Son comportement ayant completement changé, il se fichait pas mal que l'autre jeune homme était plus âgé que lui, donc plus fort, du moins probablement. Sinon, cela aurait bouleversé toute sa theorie de la vie, mais Takeru prefera se detourner et rigola un peu plus en voyant un mouton à l'air ahuri l'observant, broutant de l'herbe encore enneigée.