Le réveil des souvenirs

Les images défilaient devant lui.
Tout d'abord, il y eut cette stupide lettre inutile, une phrase seule sur le papier blanc, qui prenait des formes débiles, irréelles. Ensuite, Armeline, Terry, et les autres. Et lui aussi, bien sûr..
Lui marchait seul, tranquillement, dans le hall. Il reconnaissait clairement les lumières, à un détail près : la forme lui rappelait vaguement sa propre "maison". En fait, c'était comme si quelqu'un avait dilué les deux manoirs, formant un cocktail explosif : les lumières étaient trop intenses, aggressives. Il décida de se retrancher vers sa chambre, dans les sous-sols.
Le temps prenait une ampleur différente quand il débarqua dans le couloir. Sa chambre était la deuxième à gauche, il le savait. Le couloir se prolongeait sur deux ou trois pièces, et il terminait habituellement par un mur.
Sauf que cette fois-ci, c'était une porte. La porte de son ancienne chambre.
Il courut vers cette porte, mais le couloir semblait grandir en s'obscurcissant. Les murs ornés de chandelles viraient au noir profond. Bane commença à chuter dans un vide sans fin, mais une présence invisible le retint, suspendu, puis..

La chambre était presque entièrement plongée dans le noir. Il ouvrit ses yeux engourdis par la réalité saisissante de son rêve. Il écarta d'un geste de la main les cheveux qui lui cachaient le visage et remarqua qu'il était assis contre un mur. Il jeta un coup d'oeil à sa gauche : un grand lit à baldaquin, celui qu'il connaissait bien, semblait en piteux état.
Complètement défait.
Il restait le fléau d'armes, sagement posé devant lui. Il se redressa et s'étira en bâillant. La disposition de son arme lui rappelait de bien joyeux souvenirs, qui le mettaient de bonne humeur.

[Flashback]

Le réveil fut douloureux. Apparemment le produit qu'ils lui avaient injecté n'était pas fait pour les faibles, ce qui donnait une idée de la suite. Il posa ses yeux sur une chambre agréable, calme, mais un peu obscure. Un souffle vint lui chatouiller le cou. Il tourna la tête vers la gauche : une petite fille aux cheveux longs l'examinait calmement, ses étranges yeux verts irradiant l'étrangeté. De plus, l'énorme hache que la môme tenait fermement de la main gauche ne pouvait que renforcer ce sentiment.

[/Flashback]

Alban se leva enfin. Dans la pénombre, il ramassa son arme. Il se souvint des règles du jeu, et esquissa lentement un salut de la main destiné aux éventuels spectateurs. Il était heureux d'être là. Pas de loi, seulement une cage, dans laquelle lui et ses deux comparses étaient sans doute les plus libres. Il décida d'aller jeter un coup d'oeil au temps, puis de se laisser aller en attendant d'autres proies, tout en tâchant de retrouver ses deux tranchantes amies.

[=>Grand salon du RDC]