Reprise de connaissance et prise de conscience

Nuit, nuit, nuit... et puis jour.

Les paupières lourdes. Les ombres persistantes. La lumière, diffuse, curieusement agressive. Candie se redressa sur un coude avant de sombrer, à nouveau.

Quelques minutes plus tard, elle s'étira douloureusement et posa un pied au sol pour s'extraire du large lit sur lequel elle était installée. Son pied frissonna au contact des dalles de pierre et elle chercha des yeux ce qu'il avait pu advenir de ses chaussures.
Son regard encore engourdi se promenait sur la pièce quand elle finit par réaliser. Quoi ?
Qu'elle n'était pas chez elle.
Qu'elle ne connaissait pas cet endroit.
Que son sommeil n'avait probablement rien de naturel.
Et que la chambre, de ce qu'elle en voyait, était déjà occupée.
Elle cligna des yeux.

Quand elle finit par se lever tout à fait, elle avisa sa sacoche sur l'un des quatre bureaux qui meublaient la pièce. Une rapide fouille lui permit de constater qu'on (mais qui ?) avait subtilisé son ordinateur. Son regard tomba bien vite sur deux enveloppes, visiblement posées là à son intention. L'une d'elles portait l'écriture de sa mère. Ce fut celle-ci qu'elle choisit de lire en premier.

Citation :

Ma chère Candie,

Nous sommes désolés de ne pas t'avoir prévenue avant que cela ne se produise. J'espère que tu comprendras que nous faisons cela pour ton bien.
Voilà, Papa et moi avons décidé de t'envoyer quelques temps en internat. On nous a brossé un tableau extrêmement flatteur et novateur de celui-ci.
J'espère qu'il te plaira. Ecris-nous si tu peux.

Nous pensons à toi et t'embrassons bien fort,

Maman.

Candie arqua un sourcil. Elle savait que ses relations avec sa famille - ou, plutôt, avec ses parents - n'avaient jamais été au beau fixe. Pour autant, elle n'aurait jamais suspecté une telle trahison. Son désarroi se mua en agacement lorsqu'elle se rendit compte qu'elle avait les larmes aux yeux. Elle se mordit consciencieusement la lèvre inférieure pour faire refluer ses pleurs.
Puis elle lut l'autre lettre.

C'était définitivement une mauvaise blague.

Où était la caméra ? Pour quelle émission stupide ses parents avait-il postulé ? Allait-elle les voir sortir de sous le bureau tandis que la lumière des projecteurs l'aveuglerait et qu'on lui demanderait ce qu'elle avait ressenti, le tout sous les rires de la France entière ?

Candie relut la lettre de sa mère.
"T'avoir prévenue avant que cela ne se produise"... "Nous faisons cela pour ton bien"... Cela, quoi ?
"Un tableau extrêmement novateur"... La jeune fille rit. Mais c'était un rire dément, et triste. Elle fit tourner les boules de l'arme qui lui avait été attribuée entre ses doigts et, une fois encore, se mordit les lèvres.
"Ecris-nous si tu peux"... "Si tu peux"...

Candie se redressa et sortit en claquant la porte.

Ce putain d'endroit était un PUTAIN de labyrinthe.
D'autres chambres, vides, des pièces fermées, une cuisine. Vide, elle aussi. La froideur des couloirs qui la fit remonter le col de son blouson.
Elle tournait depuis un moment déjà lorsqu'elle s'aperçut qu'elle tenait toujours les bolas au creux de sa main.
Candie les rangea dans la poche de son blouson. Tout au fond.
Avec la ferme intention de ne jamais s'en servir.

==> Le hall.