La Complainte de Maître corbeau... [ 2 ] [ Priveyh ! x) ]

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Silencieux, le décor miroitait sur ses longues formes... Vision d'horreur ou pas, la jeune fille marchait silencieuse, son carnet à la main. Sa mélancolie habituelle se mêlait à d'autre sentiment face à ce panorama qu'elle trouvait ennuyeux, inutile... La gerbe des premiers jours d'hiver. Dehors, il faisait un froid glacial, la brise givrante sifflait faisant voleter ses cheveux presque blancs. La neige recouvrait toute l'ancienne verdure du lac et avait rendu l'eau dans un état second, c'est-a-dire givré. Les fines plaques de verglas qui s'étaient déposés sur l'eau formait de jolies fissures aux couleurs de l'hiver. Lucy écrasait sans doute la vie de milliers de brindille en marchant d'un pas lourd. Elle aimait le froid, celui qui vous empêchait de respirer, celui qui, à chacune de vos respirations, vous prenait la gorge, celui qui tout simplement vous oblige à laisser un souffle rauque aux moindres de vos paroles... Le froid était une arme formidable.

La jeune fille s'approcha du lac et observa sa surface vitré. Elle regarda longuement le reflet que la glace reflétait d'elle. Elle se trouvait repoussante quand elle osait arborer un joli minois frétillant de bonne humeur. Les journées où son regard se faisait tranchant comme une arme la rendait bien plus jolie. Enfin, c'est ce qu'elle en pensait. Elle ne regardait pas les autres "fillettes" elle n'en rencontrerait sans doute pas par ici, par un froid aussi glacial... Elle fit demi-tour et s'adossa à un arbre qui devait être le depuis un bout de temps, car l'écorce s'effritait, mais résister au froid. La nature faisait bien les choses parfois, parfois seulement...

La jeune fille s'enfonça un peu plus dans l'écorce de l'arbre et sorti son carnet. Les pages formaient souvent des accroches, mais, tout ceci étant banal pour un carnet que l'on portait depuis sa toute jeune enfance. Il n'y avait pas beaucoup de dessins, beaucoup de description, de mot en vrac, quelques dessins représentant une vision machiavélique du paradis et une vision utopique de l'enfer... La jeune fille passait son temps à rêvasser aux choses qu'elle pourrait faire pour ne plus se laisser à penser qu'elle ne contenait plus la même haine qu'autrefois concernant les choses que l'on appellait "humain". Pour elle, qui ne se considérait même pas comme humaine, les humains ne méritaient pas de vivre sur Terre avec une vision aussi vague de ce que peut ressentir un être vivant aux détriments de ses illusions. C'était d'ailleurs cette vision qu'elle voulait obtenir, la jeune Valkyrie... Celle-ci s'était mise en tête que son mal de ventre ne suffisait pas à la remplir d'une joie sadomasiste. Mais pour l'instant, elle était trop fatiguée pour se laisser à penser qu'une séance d'intense mutilation était nécessaire à la reveiller... Ses pensées divaguaient souvent sur ce genre de choses, pas très étonnant pour une jeune fille aussi délurée que dangereuse...

Le croassement inutile d'un corbeau la fît sortir de ses pensées. Cela faisait combien de temps maintenant, qu'elle s'était posté ici ? Son carnet était toujours tenu par une de ses mains tremblantes. Son visage aux traits fins s'abaissa légèrement vers celle-ci et ses sourcils s'abaissèrent. Ainsi, son minois ressemblait aux chiens que l'on battait.

* Et fait qu'il ne revienne pas me voir... *

"Il", s'était sa "maladie". "Il" s'était son rêve cauchemardesque. "Il" s'était sa schizophrénie. Si elle faisait une crise au milieu d'un froid aussi claquant, elle finirait par s'écrouler dans la neige fraiche et n'allait qu'être plus violente encore... Par chance, le tremblement se calma quelque peu, mais son visage restait irrité... Sa voix se tordit vers les aigus et elle murmura :

« C'était encore une bonne raison de m'envoyer croupir dans cet endroit... »

Sa voix d'habitude si douce, qui trahissait d'ailleurs son caractère si violent, montrait son inquiétude. Elle se sentait oppressée et pas du tout prête à passer en force. Dans ces moments-là, elle se contentait de faire ses petites affaires et ne traînait qu'avec ceux en qui elle avait une once de confiance, c'est-à-dire elle et elle seule... Elle releva son regard ébène, elle crut d'abord apercevoir une silhouette, puis finalement elle baissa la tête, une personne de composition "normal" ne se baladerais jamais par un froid aussi vagabond... Quoique, à bien lui servir d'exemple, elle n'était pas la mieux placer pour lancer ce genre de phrase inutile... Elle soupira, son regard semblait vide, sans sentiment. Elle l'était oui, mais se contentait de jouer sous un masque... Elle était comme toute ces créatures qui attendaient la nuit pour attaquer leurs proies sans défense... Comme des lâche, incapable de survivre au corps à corps, si ce n'est pour feinter d'esquiver et finalement se prendre un coup qui lui arrachait un sourire sadique... Oui, Lucy Hannah Vallery, elle était comme ça...